NANARDISES

Vaillant lecteur de l'impossible,
si toi aussi tu aimes les bouses liquides,
mets tes bottes, enfile ton ciré et viens te gondoler.

mardi

Youniveursal Soldieurz & Zeu Riteurne

Dolph en a une plus grosse, c'est Jean-Claude qui le dit.


J'ai honte. Oui, j'ai honte. Parfois non, mais là, oui. J'ai honte d'avoir acheté l'un des pires navets du bodybuildage über-crétin. Et sa suite intitulée de façon navrante The Return. vous me direz qu'avec le polytechnicien Jean-Claude Van Damme sur la couverture, il y avait peu de chances de se tromper. Mais que voulez-vous, on a ses faiblesses.


Mais entrons sans plus tarder dans l'histoire, ses arcanes, ses rebondissement et sa symbolique digne des meilleures blagues Carambar. Bon, c'est relativement compliqué, alors un peu de concentration ne fera pas de mal. Dans son Initiation à l'ontologie, ce normalien supérieur de Jean-Claude nous enseigne l'art millénaire de la concentration, et même de la concentration sur le moment présent. Lisez plutôt :
— Je crois au moment. S'il n'y a pas le moment, à ce moment-là, il faut arriver à ce moment-là, au moment qu'on veut.

Où l'on voit que Jean-Claue est un métro-sexuel
qui cache habilement sa conso quotidienne de coke dans sa Rolex


Donc c'est le moment et vous voilà donc concentré. Alors ce film c'est l'histoire de deux soldats morts qu'on réveille grâce à la science du futur 25 ans plus tard et le gentil (c'est ce stupéfiant mathématicien de Jean-Claude), sauve une journaliste idiote du méchant (c'est Dolph Lundgren dont on se demande à chaque fois comment il peut faire des films aussi crétins, merde, il est tout de même ingénieur quoi…) Et Zeu Riteurne c'est toujours deux soldats morts qui sont bien réveillés et le gentil (c'est ce remarquable astrophysicien de Jean-Claude), sauve encore une journaliste idiote du méchant (c'est Michael Jai White dont on se dit à chaque fois qu'il a raison de faire ce qu'il sait faire le mieux, c'est-à-dire des navets, lui qui n'est que champion de Rubik's cube — et c'est vrai).

En fait, les films de cette sommité en bio-ingéniérie de Jean-Claude, quand t'en a vu deux ou trois tu les as tous vus. Soit c'est un gars très fort en arts martiaux qui remporte un tournoi avec une histoire de jumeaux, soit c'est un gars du futur qui tue les méchants en faisant le grand écart, soit c'est un agent des forces spéciales qui a des problèmes existentiels.

Jean-Claude n'a pas son permis, et ça se voit.


Et comme il a un accent anglais de moule belge, ces petits malins habiles de scénaristes lui donnent des origines cajun ou québécoises, comme ça c'est plus vraisemblable (comme si c'était pas un gros câble de douze…) Du coup, cet anthropologue de génie de Jean-Claude s'appelle tour à tour : Frank Dux, Lyon Gaultier, Luc Deveraux, Chance Boudreaux, Christopher Dubois, Alain Moreau, Alain Lefèvre, Charles Le Vaillant, Jacques Kristoff, Philippe Sauvage ou encore Jack Robideaux. On se demande comment ses partenaires de scène ne se pissent pas dessus chaque fois qu'ils doivent prononcer son nom. 
— Heureusement, Luc Deveraux est là qui va nous sauver… Mmphhh… Mouahahahahaha !!!!
— On la refait coco !

Luc Deveraux, ça fait star du X has been, genre Rodolphe Antrim, ou marque de costumes à pas cher, genre Guy Dormeuil, bref, le genre de gars que tu vois pas sauver une journaliste contre les méchants.

Bon, allez, je pars me pieuter, toutes ces émotions m'ont donné bien sommeil. Et comme le dit cet intellectuel majeur de Jean-Claude :
— Marcel Proust, oui, un peu comme moi, il s'est longtemps couché aware.


Alors allons nous coucher aware.

mercredi

Steven Seagal






le mime Marceau du ciné d'action




Ce qui est chouette avec Steven Seagal, c'est son mimétisme avec le décor. Quand il est devant une porte, il ressemble à la porte. Quand il est devant un mur, il est aussi expressif que le mur. C'est un vrai ninja de la dissimulation.


Ceci dit, au fur et à mesure des films, il parvient de moins en moins à passer inaperçu. Devant un porte, même si son visage ne bouge pas pour ressembler le plus possible à la porte, son bide déborde largement de part et d'autre. Et puis jamais un agent des forces spéciales ne s'habillerait comme Demis Roussos. Bientôt, il ressemblera à Israël Kamakawiwo'ole et il ne pourra plus interpréter que des rôles de lutteurs de sumo.



Quelques images de Piège en haute mer ressurgissent : La fille faisait moitié pute, moitié chanteuse de disco ; elle avait cette coiffure improbable qui tenait à la fois du lion malade par jour de grand vent et du footballeur allemand qui pousse le bon goût jusqu'à porter une nuque longue.

Les méchants étaient trop cons : ils tiraient à la mitraillette sur l'autre gros naze dans un couloir de bateau (c'est pas large un couloir de bateau) et ils le rataient ; du coup, Stiveune leur faisaient leur fête avec une poêle à frire ou un sandwich au thon.





Le chef des méchants trépignait : « Quoi ! vous allez pas me dire que vous vous êtes fait péter la gueule par un cuisto ! », jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il s'agissait d'un ancien membre des forces spéciales qui avait obtenu un emploi cotorep aux cuisines suite à un traumatisme psychologique hérité d'une de ses anciennes missions secrètes où il s'était planté comme une grosse merde mais c'était pas sa faute.

On admirera en passant la variété des titres de cette immense vedette des films de baston crétins :
Neumbeur ouane le thème « de la mort qui tue » avec Échec et mort (authentique), Désigné pour mourir, On Deadly Ground, Half Past Dead, Out for a Kill et Today to Die.
Neumbeur tou le thème « de l'enfer et du feu qui brule » avec Born to Raise Hell, Fire Down Below, Vol d'enfer, Explosion imminente et Un aller pour l'enfer.
Neumbeur fruit c'est le thème « du sang qui tâche » avec Le Prix du sang et Mission sanglante.
Neumbeur for, voilà le thème « de la dissimulation dans l'ombre tamisée » avec Dark Territory, L'Ombre blanche, L'Aube noire, Shadow Man et Against the Dark
Quatre thèmes pour une vingtaine de titres… finalement c'est assez facile de faire du cinéma.


Voilà voilà… Finalement, Steven, c'est à peu près aussi nase que Kevin comme prénom.

mardi

Hercule à New York



petit Hercule et papa Zeus

Chers petits amis,

Voici un trip longue durée tiré d'un excellent navet.

Dès le générique, on s'attend à la poilade du siècle, l'un des coproducteurs de cette magnifique comédie pour petits et grands étant The Tooniversal Company. N'ayant jamais vu le navrant générique de cette talentueuse société sur un autre film, je me précipite sur l'IMDb et me voilà rassuré. The Tooniversal Company n'a produit que deux films : celui-ci et « Marco Polo: Return to Xanadu », que nous sommes impatient de découvrir lorsque nous nous serons remis d'Hercule (deux qui le tiennent).

Tout commence comme l'un des meilleurs épisodes de Bioman, avec un texte imbitable lu par une voix off tandis que la caméra traverse des nuages et s'attarde sur quelques montagnes. Et voici l'Olympe ; une sorte de Jardiland avec quelques colonnes pour faire charcutier enrichi. Çà et là, des personnages s'affairent, vêtus de toges dont la blancheur ferait envie aux meilleurs pubs pour lessives, qui en jouant du luth, qui en agitant les voiles de son léger vêtement au son du doux flageolet, qui en discutant avec Zeus son père pour aller gambader sur terre. Car Hercule s'emmerde sec dans l'Olympe (il aime pas le sirtaki qu'on entend à chaque fois qu'on croise un dieu). Il le dit lui même : « I am bort, I am tirred ov ze zame old vayzez (faces). », car Hercule, en bon demi-dieu grec qu'il est, a un fort accent autrichien et le visage impassible de Terminator ; mais ça n'est que le début d'une très longue série d'incohérences hilarantes.

Hercule (Hercule en VO), c'est Arnold Schwarmzennerggertre dans ses beaux jours (il est crédité sous le nom d'Arnold Strong, c'est moins chiant à écrire).



En fait on l'a jamais vu aussi stéroïdé depuis, à tel point qu'on se pose moult questions sur l'état de son foie et la taille de ses testicules (qu'on ne voit pas sous son élégante mini-jupette). S'agissant de sa splendide acromégalie et de son maxillaire prognathe dus à l'abus d'hormones de croissance, c'est suffisamment impressionnant pour s'empêcher de pratiquer à jamais le moindre sport.

Donc, Arnie veut se barrer car, s'il est demi-dieu, il est aussi demi-humain. Et le voici parti à faire un demi-caprice (des dieux) en maugréant contre Zeus mâchoire serrée : « I von't stay ! ». Et comme faut pas faire chier Zeus trop longtemps, Shazam ! Il lui balance un éclair (un truc en fer tout tordu, comme dans les bandes-dessinées) et paf ! ça pète devant les déesses épatées et Hercule disparaît sur un plan même pas raccord mais c'est le style du film parce que rien n'est jamais raccord et on voit pas pourquoi on se ferait chier à passer des heures sur les cadrages et le montage alors que c'est bien plus fun de soulever les jupes des déesses et de mater sous les jupettes des dieux.

Tiens, à propos, mais qui est donc le créateur inspiré de ce monument du septième art ? Et bien il s'appelle Arthur Allan Seidelman. Et il n'a jamais rien réalisé de vraiment transcendant, à part un téléfilm avec Richard Crenna et Angie Dickinson (Secrets de famille) et un film avec Scott Glenn et Harvey Keitel (Puerto Vallarta Squeeze). Comme quoi, les studios sont pas toujours des cons ; il leur a suffi de voir les cinq premières minutes d'Hercule pour savoir où leur fric n'irait jamais. Ceci dit, Arnie n'a pas trop palpé sur ce nanar, s'étant contenté de 12 000 $ (1970), soit le PIB de l'époque par habitant dans les pays de I’OCDE — il est par comparaison de 34 145 $ pour la France en 2008, soit près de 25 000 euros, soit 2 000 euros par mois, soit l'équivalent du salaire d'un surveillant de prison, soit une misère quand on est un Mr Universe qui a passé des années à soulever des putains d'haltères à la tonne et à renifler de la transpi dans des vestiaires moites où des créatinés post-pubères font des concours de zézettes en s'échangeant des photos de mecs en slip.

Malgré les déesses qui l'implorent à genoux (c'est sympa finalement ces toges sur des femmes filmées en plongée), Zeus reste inflexible et dit que s'il avait pu imaginer combien son fils allait l'emmerder, il n'aurait jamais fait un écart par sa mère pendant les vacances.

Et là sans qu'on s'y attende, on voit voler un avion de la Pan Am. Juste après l'Olympe, ça fait un sacré choc. Et on tombe dans Y'a-t-il un pilote dans l'avion, avec une vieille dame qui dit avoir vu voler un homme nu près du hublot et on la force à sniffer de l'oxygène. Puis on passe d'un coup d'un seul à Piège en haute mer, Schwarzie débarquant sur un bateau et pétant la gueule à l'équipage tout en répétant « I'm Herculiz, zon of Zeuz ! ». Et quand il arrive dans le port de New York, il pète la gueule aux dockers. Sûrement parce qu'en américain, Hercule se prononce vaguement « An-cu-liz » et qu'il peut prendre ça pour une insulte. Je passe sur les bagarres clownesques où les mecs tombent avant qu'on les touche et où les coups de poing sont bruités par des claques sur une table.

À partir de là, ça tourne en buddy movie, avec un petit binoclard à mi-chemin entre un rat et Woody Allen qui vend des gros bretzels et l'embarque en taxi vers Central Park. Non content de péter la gueule au conducteur qui commet l'insoutenable affront de lui demander deux dollars pour la course, Arnie retourne le taxi grâce à sa force surhumaine et on entend du sirtaki tandis qu'il s'éloigne avec le rat. Comme quoi, faut pas faire chier Hercule. Puis il se la pète devant des athlètes après avoir enlevé sa chemise en balançant le disque à 200 m et le javelot dans l'Hudson. Il ponctue chaque geste par un hilarant « Zang you ! ».

Après ils sont invités chez un type (qui conclura qu'Arnold est un paysan grec schizophrène qui se prend pour une divinité mythologique) dont Schpountzo reluque la fille comme s'il était dans un film de boules. Plans de coupe pas focus sur la gueule du rat, mais finalement c'est pas plus mal. Suivent quelques scènes sans vraiment de logique dans l'enchaînement, tout comme cette alternance troublante de plans nuit et de plans jour lors d'une ballade en carriole d'Arnie avec la fille du type. Tout ça pour qu'ils finissent par croiser un ours qui se comporte vaguement comme les monstres de carton-pâte de Bioman (décidément) qui se balancent d'un pied sur l'autre les bras en croix pour faire très peur aux nenfants. S'en suit une lutte au corps à corps à hurler de rire au sens propre, entre le costume de Nounours avec un type qui gigote dedans et Hercule pendant que la fille tombe dans les pommes ; crampes aux abdos garanties.

Du coup, comme il se fait des ours, le rat le fait devenir champion de catch. Cherchez pas, c'est comme ça. Du coup, Zeus envoie Mercure pour lui demander de revenir ; comme on est dans la mythologie grecque, j'aurais opté pour Hermès, mais non, c'est Mercure. Bon. Cherchez pas non plus, le scénariste, en plus d'être inculte, doit tourner aux acides.

Le meilleur dialogue du film [traduction maison] se passe devant une affiche de ciné : « Hercule against Godzilla ».
La fille : Oh, regarde, tu es célèbre !
Hercule : Za n'est pas Hercule ! Et qui est ze monzdre qui zemble zorti dout droit du royaume des zompres ?
La fille : Oh, non, c'est un film, un divertissement. Tu ne devrais pas te prendre autant au sérieux.
Hercule : Il ne me rezemble même bas ! Rekart ! (Il enlève son polo et roule des mécaniques.)
Pipi culotte.





Après, il fait du tourisme avec la fille, prend des photos, se promène dans la ville, dans un parc, tout ça sur la sempiternelle musique de sirtaki qui te donne envie de manger des dolmathes et des keftedakia, ou de faire bouffer sa balalaïka au premier type en jupette et chaussures à pompons qui croise ton chemin. Alors Mercure arrive en hélico (mais il repartira en volant). Cherchez pas. Et quand il dit à Hercule qu'il faut rentrer au bercail l'autre répond : « I'm going dou dake a shawouer ». Et les voilà tous les deux dans la salle de bains pendant que le rat mate ; ça devient gay torride.

Du coup, Zeus, avec sa barbe de prédicateur baptiste, est en pétard et ruine le bel agencement de meubles de jardin de l'Olympe à coups d'éclairs rageurs qui explosent en ridicules boules de feu qui font même pas peur. On a droit à un travelling à trois francs avec une caméra portée par un parkinsonien pendant une conversation entre Nemesis et Junon (j'aurais plutôt dit Héra, mais que voulez-vous…) et des prises de son à distance qui ne permettent pas de saisir les conversations à vingt mètres. Technique et prise de vue foireuses, scénario incompréhensible, interprétation désastreuse, costumes risibles, montage en dépit du bon sens, rien ne nous sera épargné.

Après, Pluton (Hadès… soupir…) remonte des Enfers par un escalier du métro pour aller chercher Hercule et le punir en le faisant mariner quelque temps chez lui. Mais Hercule refuse alors arrivent des bookmakers mafieux pour traiter avec Pluton. Et c'est l'affrontement que nous attendons tous entre Monstro The Magnificent et Herculiz Ze Gret. Ils soulèvent des haltères mais Hercule perd parce qu'il avait bu un filtre bizarre servi par Nemesis dans un night club. La fille est poursuivie par les books (faut pas se faire larguer par le scénar) alors Arnie dit au rat : « Vi follo zem! » et les voilà qui poursuivent les méchants avec un char romain (véridique). S'en suit une poursuite à la Benny Hill, avec images accélérées, bruitages hilarants et cascades époustouflantes (un gars essaie de sauter sur le char et tombe sur le sol tout plat mais fait des roule-barrique pendant cinq minutes comme s'il y avait une forte pente).

Et puis on se retrouve dans une papeterie (me demandez pas pourquoi) où les méchants poursuivent les gentils et Hercule se fait casser la gueule alors les dieux envoient Atlas et Samson (???) pour aider Schvartzi. Et puis des déesses aux beaux nénés convainquent Zeus de redonner sa force à Hercule, tout content de pouvoir balancer des bobines de kraft de trois tonnes à la tête des méchants.

Finalement, le rat et Hercule qui est remonté dans l'Olympe conversent via une radio FM. En fait, le demi-dieu se fout de la fille comme d'une guigne (on ne la reverra plus) mais il n'oublie pas son pote le petit looser chétif. On se prendrait presque à vouloir revoir le film pour vérifier si l'idylle n'est finalement pas entre eux deux, mais non, point trop n'en faut ; un bonheur comme celui-là se déguste par petites bouchées.

vendredi

Waterworld (trad. litt. « Monde de chiotte »)


je me prends pour Mad Max
et je fais le con dans la flotte
avec mes habits de chez Emmaüs


Mais pourquoi faut-il toujours que les costumiers des films post-apocayptiques soient aussi peu inspirés ? Depuis Mad Max II (1981), la plupart des acteurs qui jouent les derniers survivants sont affublés de tenues faites de bric et de broc : sombreros troués pour que la pluie passe au travers, pantalons mités sans fond de culotte, lambeaux de chemises qui se barrent en nouilles, pompes rafistolées à l'agrafeuse, accessoires de récup qui vont de la passoire sans manche aux jambières en tuiles canal, le tout agrémenté d'une quincaille brinquebalante aussi inutile qu'encombrante…


Le Dernier Combat, Six-String Samurai, Doomsday, Le Règne du feu, Terminator Renaissance, L'Armée des douze singes, Les Fils de l'homme, etc., sont les antithèses vestimentaires des Matrix, Equilibrium, Æon Flux ou 1984, ceux-ci fleurant bon le cuir bien repassé, les bottes bien cirées et les cravaches bien affutées. En clair, c'est fouillis crade contre uniforme amidonné, John Galliano contre Thierry Mugler, le facteur Cheval contre Frank Lloyd Wright, les cheveux de Jean-Louis Borloo contre ceux de Mireille Mathieu…


Il faut croire que Kevin (quel prénom à la con) Costner raffole du plus débridé de ces deux styles, lui qui adore se déguiser en clodo quels que soient les genres et les époques. Pour Danse avec les loups, il est vêtu de peaux de chevreuils mal coupées avec des plumes à la con et des perlouzes de tafiole ; dans Robin des Bois : Prince des voleurs, il a un costume fait de morceaux de toile de jute et de chutes de cuirs tenus ensemble par des rivets ; dans Wyatt Earp, il est fringué en bouseux du grand Ouest, avec un t-shirt rouge manches longues sous une chemise bleu pâle, pantalon marron sale et foulard crasseux à carreaux — tu croirais qu'il va te taper cent balles ou te dire la bonne aventure. Je pensais qu'avec The Postman (où il a des lunettes rafistolées au fil électrique et où il est fringué mi-serpillère, mi-jean déchiré top tendance chez les coiffeuses fachionne) on avait décroché le pompon de la mode gerbouille, mais que nenni. Waterworld fait encore plus fort !




Dans Waterworld, ce ne sont plus des fringues, mais une sorte de patchwork calamiteux cousu avec des ficelles pourries, un justaucorps en néoprène tout troué, des boucles d'oreilles en capsule de bière, un pantalon de pirate à rayures tartiné à la bouse, une montre étanche autour du biceps, et des dizaines de fanfreluches en raphia multicolore toujours mouillées qui lui collent au torse comme des algues.


En fait, Waterworld, c'est Mon Cap'tain chez les ploucs ou Mad Max dans la flotte. Kevin (Max) Costner est un errant solitaire qui a un bateau (voiture) super rapide et qui se fait capturer connement par les gentils un peu crétins, fringués chez Emmaüs et dont le chef a une abondante tignasse blonde, qui démontent son bateau (voiture) et se font attaquer par les méchants en jet-ski (motos) déguisés en joueurs de foot américain trash hardcore qui s'explosent avec des effets pyrotechniques réussis et des cascades ratées, et qui s'échappe avec son bonzai (chien) familier et une petite fille (garçon) hystérique avec des dreadlocks aidé par un idiot en ballon (autogire), ce qui énerve le chef des méchants, Deacon (Humungus) qui perd un œil (ami) dans la bagarre et fait cramer le bateau (voiture) du héros rien que pour se venger.

Le méchant, c'est Dennis Hopper, totalement décalé avec le ton du film, qui cabotine à mort et nous sort un numéro de grand guignol suivi par la bande des méchants qui se croit dans une comédie de Mel Brooks (genre La Folle Histoire de l'océan), tandis que Kevin se bat sans jamais rigoler contre les gentils, les méchants, les éléments, son bateau, l'héroïne et une petite fille qui fait que parler. En fait, d'une scène à l'autre, on alterne entre une pignolade à deux balluches et Mad Max à Plougastel. Hopper, quand il se fend pas la poire avec ses potes, il est trop véner, au point de dire à la petite fille qui jacte sans arrêt : « si je retrouve Kostner, j'y coupe la tête et j'y bouffe la cervelle ! » ; au moins, on est fixé. Belle performance du trop rare Kim Coates (La Chute du faucon noir, Silent Hill) en contrebandier des flots totalement barré.



Tout ça sur une musique entre Thierry la fronde et Jurassic Park, sauf qu'à un moment, contre toute attente, on nous met la musique des Blues Brothers… Les Blues Brothers sur Waterworld, c'est un peu comme Le Lac des cygnes sur Massacre à la tronçonneuse, une incongruité manifeste.


Heureusement, il y a des scènes rigolotes, comme quand Kevin (une espèce d'hydro-sapiens avec des branchies et des pieds palmés) énervé par la petite fille qui parle sans cesse, la jette à la baille puis lui colle une tarte (Hopper lui en collera une autre un peu plus tard pour faire la paire) — W.C. Fields disait que quelqu'un qui n'aime pas les enfants ne peut pas être foncièrement mauvais. Et puis quand Kevin, énervé par cette cruche de Jeanne Tripplehorn (triple conne ?) qui lui a chibré la moitié de son trimaran de compet', lui taille les cheveux à la machette en lui gueulant qu'elle arrête de toucher au matos, puis vend les charmes de la belle idiote contre un bout de carte à un contrebandier des flots qui a les dents toutes pourries ; claaaaaasse Kevin.



Bon on passera sur les pataquès habituels : Jeanne Tripplehorn tombe la robe (et révèle des fesses en goutte d'huile) pour obtenir un peu d'eau de la part de Kevin, puis on la retrouve quelques images plus loin avec un balzouf sorti d'on ne sait où (ils sont sur un bateau perdu sur le vaste océan et y'a pas un Pantashop à l'horizon) qu'elle reperdra on ne sais comment. Et puis on est des centaines d'années après que la terre a été recouverte par les eaux, mais il y a toujours des crétins en jet ski et en hydravion qui font rugir leur engin sans se préoccuper une seule seconde de la consommation et qui passent leur temps à cloper des blondes filtre toujours sèches ; c'est bien connu, l'océan est gavé de stations service et de bureaux de tabac.

Et dire que cette daube a été pendant un temps le film le plus cher de l'histoire du cinéma (175 M$), c'est à pleurer.

The Postman

normalement, il a une gapette,
mais il est tout aussi ridicule sans



En voici un autre qui vaut son poids en purée de navets. De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace.

Il fallait oser trouver l'idée de la libération de l'oppression et de la violence aveugle par la gentille et généreuse distribution du courrier et des colis postaux qui va ranimer la flamme de la résistance chez des crétins qui jusqu'alors se tenaient à carreaux pour pas prendre une mandale. Ça, personne n'avait osé jusqu'alors le faire ; on ne pourra donc accuser ce film de plagiat, quoique… mais ça vient à la fin.

Il fallait oser déguiser les acteurs de patchworks gerbitifs provenant de tissus de récupération assemblés par des Tibétains manchots et vendus dans des magasins alternatifs où des bobos en mal d'engagement caritatifs traînent leurs pattes d'eph en écartant d'une main embagouzée la fumée des distributeurs d'encens.

Il fallait oser mélanger les mythes du poney express, du 22e de cavalerie, du post-apocalyptique version Mad Max chez les Bisounours, du récit messianique aux accents de Dernière Tentation (le nanard de Scorcese où Harvey Keitel en Judas à perruque rousse piqué dans un film de boules saccageait l'atelier de Jésus le charpentier en vociférant : « No more crosses! »), de la révélation de l'homme idiot et fainéant par la femme jolie et intelligente, de la victoire de l'idéalisme gnian-gnian sur la dictature molle. À part Waterworld, du même Kevin (quel prénom à la con) Costner, on n'a pas réussi meilleur salmigondis trans-genres.

Il fallait oser les incroyables cascades à deux balles : Kevin (avec son cerveau de facteur un peu ralenti), galope lentement au ralenti pour qu'on le reconnaisse bien, attrape depuis son cheval (lancé au grand galop mais toujours au ralenti) une lettre que lui donne un enfant pas trop speed… et on voit la scène plusieurs fois sous divers angles au ralenti pour bien qu'on comprenne qu'il s'agit du morceau d'anthologie du film et que c'est vraiment Kevin (mais quel prénom de merde) qui a fait cette cascade très très dangereuse… au ralenti.

Olivia Williams ou la quintessence 
de la sublimité totale de la féminité 
dans toute son exaltante charmassion

Il fallait oser ravaler la divine Olivia Williams (la maman de Wendy et ses frères dans le Peter Pan de P.J. Hogan où Jason Isaacs que j'adore interprète à la fois Mr Darling et le Capitaine Crochet, ce qui donne au film une passionnante lecture psychanalytique) à un obscur second rôle, alors qu'il s'agit de l'héroïne réelle de l'histoire, notamment parce qu'elle se fade pendant trois heures ce crétin de Kevin (mais qu'on lui change de prénom une fois pour toute !) qui est aussi dynamique qu'une nouille trop cuite et moins séduisant que son cheval (au ralenti).




quand je vous disais qu'avec la gapette
il assure pas un caramel question fachionne

Il fallait oser remplacer la bataille finale tant attendue, qui aurait dû voir s'affronter les deux clans dans des torrents d'hémoglobine homérique, de chocs sanglants, de héros lacérés, de chevaux faisant la culbute et projetant leur cavalier qui roule dans la poussière du sol (au ralenti), par une bagarre de cour de récré, entre le gentil un peu concon et le méchant crétin un peu vilain, qui ressemble à s'y méprendre à la choré de la Macarena.

Il fallait oser monter un film de trois heures sans rythme et mou du gland, qui revient dix-sept fois sur l'énervante puis odieuse puis insupportable incertitude planant au-dessus de la tête de Kevin : va-t-il oui ou non enfin accepter de se bouger le cul et d'endosser le rôle de héros au lieu de jouer celui d'une andouille au jus de limace et à la graisse de lamantin ? Tu te prends à hurler : Allez Kevin, bouge-toi espèce de larve ! Et tu jettes des pop corns rageurs sur l'écran.

notez la subtilité :
carte géante + panneau ultra-simple
= je suis total-paumé
Il fallait oser insister à maintes reprises sur le héros et la hérote qui ne se touchent plus pendant des mois parce qu'elle est enceinte. Ça c'est le grand truc chez les coincés du cul : t'as tes règles, on se touche pas ; t'es enceinte, on se touche pas ; t'es ménopausée, on se touche pas ; c'est pas samedi, on se touche pas ; les enfants sont dans la maison et pourraient nous surprendre, on se touche pas… Il reste plus grand chose comme occasions du coup…

Il fallait oser le manichéisme plan-plan crétin-crétin : méchants militaires vs gentils baba-cools, vieux aigris vs jeunes pleins d'espoir, arcs et flèches pourris vs fusils et carabines, partage de l'émotion avec dynamique de groupe et positive attitude vs pillage des bijoux et chacun pour sa gueule, etc.

Il fallait oser transposer Danse avec les loups (on arrive au plagiat) : un gars qui a fait partie de l'armée devient solitaire et trouve la révélation de sa vraie personnalité grâce à une femme. Ça, c'est le signe du réa qui a trouvé un filon, même si c'est pas du niveau de Luc Besson (revu par Mozinor : il faut qu'un héros il soit costaud et qu'il protège une fille contre des méchants).



Bref, pour avoir osé, Kevin et en dépit de ce prénom qui confirme que tu fonctionnes au ralenti, merci !


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Je viens de m'apercevoir d'un truc. Vous vous rappelez que Danse avec les loups et The Postman creusent le même filon : un gars qui a fait partie de l'armée devient solitaire et trouve la révélation de sa vraie personnalité grâce à une femme.






Et bien, Coast Guards (The Guardian) avec Machin Costner, c'est l'histoire d'un gars qui fait partie de l'armée et qui devient solitaire et trouve la révélation de sa vraie personnalité grâce à un jeune homme musclé.


Et Vengeance (Revenge) de Tony Scott, c'est l'histoire d'un gars qui a fait partie de l'armée et qui devient solitaire jusqu'à trouver la révélation de sa personnalité grâce à la femme de son meilleur ami.

Et dans The Bodyguard, Costner joue le rôle d'un gars qui a fait partie des services secrets et qui devient solitaire jusqu'à trouver la révélation de sa personnalité grâce à une femme qui chante fort.

C'est dingue le manque d'inspiration des scénaristes dès que l'acteur principal s'appelle Kevin.

Star Wars



n'importe lequel épisode
est au moins aussi con que le précédent


Putain, heureusement que j'ai pas la télé. Je pourrais jamais me farcir deux heures de spot publicitaire à la con non stop pour gamins décérébrés dans le seul but de vendre des figurines qui ressemblent à des sculptures de maternelle en pâte à modeler et des sabres laser en plastique dont le bruit est fait exprès pour te rendre dingue et que t'as envie de le faire avaler au gosse tellement tu supportes plus.

Déjà, autrefois, rien qu'à voir la gueule de la princesse Leia avec ses deux pains au raisin de part et d'autre de la gueule, t'avais envie de lui envoyer une bonne giclée de pistolet à rayon de la mort. Harrison Ford a jamais été plus nul que dans son rôle de psychopathe hystérique de l'espace accompagné de son yéti débile qui meugle ; y'a une navette des méchants, il meugle, il est content, il meugle, pour dire bonjour, il meugle… Le yéti et les ewoks, t'as qu'une envie, c'est d'y foutre le feu rien que pour qu'il y ait enfin un peu d'action.


Epilady

Et ces manières de parler comme des débiles, c'est d'un chiant ! Déjà, Maître Yoga, au début tu rigoles et après t'as envie de le tarter. Mais les autres, Jabba la grosse hutte et tous les Martiens à la con, t'as envie de leur maraver le groin à coups de clef à molette de l'espace. Et le petit robot qui sifflote et son copain Tin Man échappé du Magicien d'Oz, même topo.

Et le scénario… toujours le même. Au début, les gentils sont attaqués par les méchants. Après, ça discute pendant trois plombes et ça blablate de la Confédération ceci, de l'Empire cela, de l'alliance Machin, de la planète Truc et c'est interminable et tu te fais iech à mort et tout d'un coup, tu sais pas pourquoi, des mecs habillés en burka font pleurer leur race à des armées de robots crétins et c'est la fin du film.

Enfin, ça, c'était les trois premiers épisodes (qui sont les trois derniers et toi tu sais pas pourquoi parce que c'est que les nerds et les geeks boutonneux qui comprennent). Mais aujourd'hui, ils ont réussi à faire encore plus nul : ils ont concentré toutes les conneries accumulées pendant les premiers épisodes pour les fourrer dans une seul personnage, le pire de l'histoire du cinéma : Jar Jar Binks.

WTF ???
Sa voix est tellement affligeante que tu te demandes si le type du casting des voix a pas monté un canular pour ridiculiser Lucas devant le monde entier, son niveau de langage est inférieur à celui des Télétubbies, son attitude te donne envie de dézinguer des paresseux à la grenade, son rôle dans l'histoire est moins clair qu'une équation au huitième degré, et en plus aucun acteur ne regarde au bon endroit quand il est sensé lui parler.



Le reste n'a pas changé : gentils attaqués par les méchants, République, ambassadeurs, et blablabli et blablablo, et des costumes impossibles à porter pour la princesse Amygdala et les cons de moines et la force ceci et le mauvais pressentiment cela et les combats à trois balles et vas-y que je saute et vas-y que je tombe et vas-y que je te coupe un bras (avec un laser qui rebondit sur un autre laser et des vaisseaux qui font du bruit dans le vide de l'espace, pour te dire si le mec qui a écrit le scénario est une bille en sciences).




Bref, je ne me suis jamais fait autant chmuir devant un Star Wars que devant un autre Star Wars. Comme y'en a six, ça fait autant de raison de pas avoir la télé et d'ouvrir un bon bouquin de vraie SF.

Battlefield Earth


navet scientologue de l’espace
avec un gros slip



Comme je n'arrivais pas à dormir, des relents de soupe de potiron et la fièvre me privant de tout sommeil, j'ai vu un film qui m'a laissé pantois. Il s'agit de Battlefield Earth (Terre, champ de bataille), dont le scénario (enfin… scénario, faut le dire vite — autant appeler pur sang une huître malade) est tiré de l'œuvre incomparable du souvent copié et jamais égalé Lafayette Ronald (McDonald's) Hubbard. En fait, j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour le voir en entier, comme on avale de l'Hepatoum, par petites gorgées, pour éviter de vomir.


Le saviez-vous, avant de faire des ronds dans les eaux internationales sur son yacht pour échapper à Interpol et rédiger les principes de la scientologie sous l'emprise des drogues, Ronnie a écrit des livres de science-fiction. Bon… À part Julia Migenez, Xavier Deluc et Tom Cruise, tout le monde trouve que ses bouquins volent moins haut que les soucoupes qu'il y décrit.

Mais venons-en au film. Au début, on apprend que les méchants viennent d'une planète appelée Psycho. Ça c'est un code de scientologue : les psys (avec les journalistes et les francs-maçons) sont les ennemis neumbeur ouane pour les scientos. Au moins, les adeptes survitaminés qui viennent voir le film sont en terrain connu. Tout de suite, on remarque le génie incomparable du chef op'. Pour qu'on comprenne qu'il y a du danger, il fait tourner la caméra sur elle-même depuis le sol en filmant la cime des arbres ; pour qu'on comprenne que le héros prend des risques, la caméra sur le sol filme le cheval qui saute par en dessous ; quand le héros choit, la caméra est placée au raz du sol pour que ça soit plus impressionnant, etc. En fait, l'équipe technique a passé le tournage à plat ventre.

Je suis rousse.
Et alors ?
Je sniffe ma propre morve.
Et alors ?
Dès le début, ça part en live total. Le héros (un primitif qui sort à peine de la préhistoire et fait des bruits de singe pour parler) est esclave chez les méchants et on lui met un truc pour respirer et qui pend de son nez comme deux fils de morve… jamais vu accessoire plus ridicule au cinéma, à part peut-être l'énorme slip à poutre apparente de John Travolta, le super-méchant du film qui passe son temps à rire comme un hystéro, et qui a aussi deux fils de morve, tout comme Forest Whitaker dont on se demande ce qu'il fout là avec des dread locks, des boucles ondulées en poils pubiens blond vénitien qui lui donnent un faux air de Tina Turner dans Mad Max III, des dents sales, un costume probablement piqué aux frères Bogdanov avant leur mutation, les chaussures à plate-forme des Bee Gees (pour se dandiner de façon grotesque comme quand on marche avec des pompes de ski) et des lentilles jaunes qui lui donnent un regard bilieux de hyène alcoolique. On dirait le rejeton d'amours inespérées entre un Predator déguisé en drag queen et Jabba la hutte. Après, Travolta et Whitaker boivent un liquide jaune fluo dans de grosse éprouvettes ; sans doute les échantillons d'urine d'un éléphant ayant bouffé une boîte de surligneurs. À partir de là, toutes les scènes où l'on voit des méchants sont éclairées en lumière noire comme un trip à l'acide dans un mauvais club de strip-tease.


Parfois Whitaker fait un peu peur.
Mais là il fait un peu vomir.
En fait, les scènes entre Travolta et Whitaker sont tordantes. On dirait deux drag queens pour Wookiees (la race de Chewbacca dans Star Wars) qui s'enquillent des mojitos fluorescents. Quant aux combats, les cascades semblent être réalisées par ma tante grabataire et le montage par mon neveu qui a quatre ans.

Genre : un gentil tire au pistolet à impulsions subtroniques ; il est cadré trois-quarts, vu en biais. On voit le coup partir. Coupe. Sur le plan suivant, on voit en contre-plongée une navette à la con qui vole dans les bois. Coupe. Un méchant en contre-plongée se prend un rayon dans le dos et commence à tomber devant un ancien supermarché. Coupe. On revoit le gars du début qui tire encore et se barre en courant au ralenti vers une sorte de raffinerie. Coupe. La navette continue sa course mais dans les montagnes cette fois. Coupe. On retrouve le méchant qui recommence à tomber, filmé de trois-quart dos. Coupe. Celui qui a tiré saute de joie sur place en faisant des cris de singe. C'est à la fois consternant et particulièrement drôle.

Tireur d'élite dans Where Is Private Ryan?,
Barry Pepper sait même pas tenir une agrafeuse

En fait, ça barre en chiasse dans une gastro-entérite d'effets spéciaux minables et de rebondissements sans queue ni tête : le héros, qui s'accrochait aux barreaux de sa cage en hurlant y'a deux minutes, dessine tout d'un coup des formules mathématiques sur le sol de sa cellule parce qu'il a reçu un psycho-rayon dans l'œil — sans doute un truc scientologue sur la révélation des merveilleux pouvoirs enfouis du cerveau pour attirer les gogos en mal d'estime de soi ; et puis Travolta butte des vaches au pistolet à impulsions neutroniques en se marrant comme une baleine ; et puis les copains du héros, des cavernicoles mal dégrossis, apprennent à piloter des avions de chasse (mais le héros les rassure en disant que c'est comme guider un cheval) ; à la fin, les gentils gagnent (mais tu sais pas comment ni pourquoi) après des combats affligeants qui font passer Star Wars pour un sublime opéra intergalactique en comparaison.

Heureusement, de temps à autre, apparaît Sabine Karsenti court vêtue, une sorte de Rona Mirta (la bombasse qui se fait dégonder par l'homme invisible dans Hollow Man) en moins fournie et qui a l'air continuellement surprise de se retrouver dans ce navet.

Voilà voilà. Comme vous l'aurez compris, si vous croisez ce film un jour, faites-lui pleurer sa race au lance-flamme.

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J'allais oublier que ce film a été couronné de multiples récompenses aux Razzie Awards.




2000 : Pire acteur (Travolta), pire réalisateur, pire couple (John Travolta & tout autre acteur du film), pire scénario, pire second rôle masculin (Barry Pepper), pire second rôle féminin (Kelly Preston, la femme de Travolta, elle aussi scientologue).

2005 : Pire drame des 25 dernières années.

Ces récompenses sont amplement méritées.