NANARDISES

Vaillant lecteur de l'impossible,
si toi aussi tu aimes les bouses liquides,
mets tes bottes, enfile ton ciré et viens te gondoler.

vendredi

Waterworld (trad. litt. « Monde de chiotte »)


je me prends pour Mad Max
et je fais le con dans la flotte
avec mes habits de chez Emmaüs


Mais pourquoi faut-il toujours que les costumiers des films post-apocayptiques soient aussi peu inspirés ? Depuis Mad Max II (1981), la plupart des acteurs qui jouent les derniers survivants sont affublés de tenues faites de bric et de broc : sombreros troués pour que la pluie passe au travers, pantalons mités sans fond de culotte, lambeaux de chemises qui se barrent en nouilles, pompes rafistolées à l'agrafeuse, accessoires de récup qui vont de la passoire sans manche aux jambières en tuiles canal, le tout agrémenté d'une quincaille brinquebalante aussi inutile qu'encombrante…


Le Dernier Combat, Six-String Samurai, Doomsday, Le Règne du feu, Terminator Renaissance, L'Armée des douze singes, Les Fils de l'homme, etc., sont les antithèses vestimentaires des Matrix, Equilibrium, Æon Flux ou 1984, ceux-ci fleurant bon le cuir bien repassé, les bottes bien cirées et les cravaches bien affutées. En clair, c'est fouillis crade contre uniforme amidonné, John Galliano contre Thierry Mugler, le facteur Cheval contre Frank Lloyd Wright, les cheveux de Jean-Louis Borloo contre ceux de Mireille Mathieu…


Il faut croire que Kevin (quel prénom à la con) Costner raffole du plus débridé de ces deux styles, lui qui adore se déguiser en clodo quels que soient les genres et les époques. Pour Danse avec les loups, il est vêtu de peaux de chevreuils mal coupées avec des plumes à la con et des perlouzes de tafiole ; dans Robin des Bois : Prince des voleurs, il a un costume fait de morceaux de toile de jute et de chutes de cuirs tenus ensemble par des rivets ; dans Wyatt Earp, il est fringué en bouseux du grand Ouest, avec un t-shirt rouge manches longues sous une chemise bleu pâle, pantalon marron sale et foulard crasseux à carreaux — tu croirais qu'il va te taper cent balles ou te dire la bonne aventure. Je pensais qu'avec The Postman (où il a des lunettes rafistolées au fil électrique et où il est fringué mi-serpillère, mi-jean déchiré top tendance chez les coiffeuses fachionne) on avait décroché le pompon de la mode gerbouille, mais que nenni. Waterworld fait encore plus fort !




Dans Waterworld, ce ne sont plus des fringues, mais une sorte de patchwork calamiteux cousu avec des ficelles pourries, un justaucorps en néoprène tout troué, des boucles d'oreilles en capsule de bière, un pantalon de pirate à rayures tartiné à la bouse, une montre étanche autour du biceps, et des dizaines de fanfreluches en raphia multicolore toujours mouillées qui lui collent au torse comme des algues.


En fait, Waterworld, c'est Mon Cap'tain chez les ploucs ou Mad Max dans la flotte. Kevin (Max) Costner est un errant solitaire qui a un bateau (voiture) super rapide et qui se fait capturer connement par les gentils un peu crétins, fringués chez Emmaüs et dont le chef a une abondante tignasse blonde, qui démontent son bateau (voiture) et se font attaquer par les méchants en jet-ski (motos) déguisés en joueurs de foot américain trash hardcore qui s'explosent avec des effets pyrotechniques réussis et des cascades ratées, et qui s'échappe avec son bonzai (chien) familier et une petite fille (garçon) hystérique avec des dreadlocks aidé par un idiot en ballon (autogire), ce qui énerve le chef des méchants, Deacon (Humungus) qui perd un œil (ami) dans la bagarre et fait cramer le bateau (voiture) du héros rien que pour se venger.

Le méchant, c'est Dennis Hopper, totalement décalé avec le ton du film, qui cabotine à mort et nous sort un numéro de grand guignol suivi par la bande des méchants qui se croit dans une comédie de Mel Brooks (genre La Folle Histoire de l'océan), tandis que Kevin se bat sans jamais rigoler contre les gentils, les méchants, les éléments, son bateau, l'héroïne et une petite fille qui fait que parler. En fait, d'une scène à l'autre, on alterne entre une pignolade à deux balluches et Mad Max à Plougastel. Hopper, quand il se fend pas la poire avec ses potes, il est trop véner, au point de dire à la petite fille qui jacte sans arrêt : « si je retrouve Kostner, j'y coupe la tête et j'y bouffe la cervelle ! » ; au moins, on est fixé. Belle performance du trop rare Kim Coates (La Chute du faucon noir, Silent Hill) en contrebandier des flots totalement barré.



Tout ça sur une musique entre Thierry la fronde et Jurassic Park, sauf qu'à un moment, contre toute attente, on nous met la musique des Blues Brothers… Les Blues Brothers sur Waterworld, c'est un peu comme Le Lac des cygnes sur Massacre à la tronçonneuse, une incongruité manifeste.


Heureusement, il y a des scènes rigolotes, comme quand Kevin (une espèce d'hydro-sapiens avec des branchies et des pieds palmés) énervé par la petite fille qui parle sans cesse, la jette à la baille puis lui colle une tarte (Hopper lui en collera une autre un peu plus tard pour faire la paire) — W.C. Fields disait que quelqu'un qui n'aime pas les enfants ne peut pas être foncièrement mauvais. Et puis quand Kevin, énervé par cette cruche de Jeanne Tripplehorn (triple conne ?) qui lui a chibré la moitié de son trimaran de compet', lui taille les cheveux à la machette en lui gueulant qu'elle arrête de toucher au matos, puis vend les charmes de la belle idiote contre un bout de carte à un contrebandier des flots qui a les dents toutes pourries ; claaaaaasse Kevin.



Bon on passera sur les pataquès habituels : Jeanne Tripplehorn tombe la robe (et révèle des fesses en goutte d'huile) pour obtenir un peu d'eau de la part de Kevin, puis on la retrouve quelques images plus loin avec un balzouf sorti d'on ne sait où (ils sont sur un bateau perdu sur le vaste océan et y'a pas un Pantashop à l'horizon) qu'elle reperdra on ne sais comment. Et puis on est des centaines d'années après que la terre a été recouverte par les eaux, mais il y a toujours des crétins en jet ski et en hydravion qui font rugir leur engin sans se préoccuper une seule seconde de la consommation et qui passent leur temps à cloper des blondes filtre toujours sèches ; c'est bien connu, l'océan est gavé de stations service et de bureaux de tabac.

Et dire que cette daube a été pendant un temps le film le plus cher de l'histoire du cinéma (175 M$), c'est à pleurer.

1 commentaire:

  1. Ah! non, moi la scène que je préfère, c'est quand papy montgolfier arrive sur la Terre ferme et qu'il braille: "Oooohhhééé! mais c'est de l'eau (de l'eau douce) qui coule d'ici!"...Ben ouais! mais tout doux du con...t'en as jamais vu! Alors évite de te faire trop remarquer...ça va se voir! (Ceci dit, la plupart des gens sont assez cons pour ne rien relever). D'ailleurs le film est une véritable succession d'impossibilités logiques, temporelles, scénaristiques ou tout simplement, physiques et...c'est quand même ça le plus drôle!
    Faut croire à la version officielle du 11 Septembre pour regarder Waterworld!

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